Sidi Ould Tah face aux premiers défis de la BAD

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Dès son installation à la présidence de la Banque africaine de développement (BAD), le Mauritanien Sidi Ould Tah se heurte déjà contre une série de dossiers brûlants. L’ancien ministre des Finances hérite d’une maison prestigieuse, mais lestée par les dernières décisions de son prédécesseur, le Nigérian Akinwumi Adesina, et par la pression grandissante autour de la recapitalisation du Fonds africain de développement (FAD).

La sortie d’Adesina, célébrée fin août à Abidjan dans un faste digne de ses dix années de mandat, a laissé place à un climat beaucoup moins festif. Le 5 septembre, lors d’une rencontre avec le personnel de la BAD, Sidi Ould Tah a dû écouter, des heures durant, les doléances et critiques liées aux deux mandats de son prédécesseur. Quelques jours plus tard, il répétait l’exercice devant le conseil d’administration.

Loin des grandes annonces, selon Africa Intelligence, le nouveau président a préféré poser un geste symbolique : réduire la taille de son équipe dirigeante et s’entourer pour l’heure d’un seul conseiller externe, le journaliste camerounais Thierry Hot, connu pour son rôle auprès de l’ex-président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré.

Des finances plombées par la transition

Le contexte interne complique sa tâche. Juste avant de quitter ses fonctions, Adesina a multiplié nominations et annonces, vidant presque le budget de fonctionnement. Certaines promotions ont même échappé aux procédures habituelles, alimentant les frustrations. Dans ce climat, Sidi Ould Tah doit composer avec un gel des recrutements et un personnel inquiet, tout en évitant une crise de gouvernance.

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La bataille du FAD-17

Au-delà de la gestion interne, l’un des dossiers les plus sensibles est la reconstitution du Fonds africain de développement. Ce guichet concessionnaire, vital pour une trentaine de pays africains à faibles revenus, doit être recapitalisé d’ici décembre. Mais les signaux sont préoccupants : les États-Unis de Donald Trump se retirent, la France envisage de réduire sa participation, et plusieurs contributeurs historiques hésitent.

Face à ces vents contraires, le nouveau président de la BAD mise sur d’autres partenaires. L’Arabie saoudite, le Koweït et peut-être l’Italie de Giorgia Meloni seraient prêts à augmenter leurs contributions. Une réunion cruciale se tiendra début octobre à Lusaka, avant la conclusion attendue en décembre.

Un mandat à hauts risques

Entre attentes internes, équilibre diplomatique et impératifs financiers, Sidi Ould Tah n’a pas de période de grâce. Chaque geste, chaque arbitrage sera scruté, tant par les capitales africaines que par les partenaires internationaux. Pour l’homme de Nouakchott, l’équation est claire : transformer les défis hérités en opportunité de redonner souffle et crédibilité à la première institution financière du continent.

Rustine De Gloire

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