
Makotipoko petite localité frontalière à la République Démocratique du Congo vit au rythme des crues entre années. En saison des pluies, les routes sont impraticables, les marchés paralysés et les écoles fermées avant terme. Dans ce coin du pays, l’eau ne se contente plus d’accompagner la vie : elle l’impose, elle l’interrompt.
Autrefois district du Département des Plateaux, Makotipoko fait désormais partie du nouveau Département créé Nkeni-Alima. Cette situation dramatique que subissent les populations de ce district dit beaucoup de l’état de notre pays face aux défis climatiques et aux failles de notre aménagement du territoire. Comment comprendre qu’au XXIᵉ siècle, des enfants soient privés d’école simplement parce que les salles de classe sont inondées ? Comment admettre que la circulation d’un fleuve devienne un piège plutôt qu’une opportunité ?
Et pourtant, Makotipoko pourrait être autre chose qu’un symbole d’abandon. L’eau, source de blocages aujourd’hui, pourrait devenir un levier demain. Venise, ailleurs, a fait de ses canaux une marque mondiale, une fierté patrimoniale. Pourquoi ne pas imaginer Makotipoko transformée, adaptée, repensée autour de son fleuve ? Des infrastructures sur pilotis, un urbanisme pensé pour les crues, un tourisme fluvial durable qui valorise le majestueux fleuve Congo… Ce rêve n’est pas hors de portée, si la volonté politique et la créativité locale s’y conjuguent.

Makotipoko n’a pas besoin de pitié. Elle a besoin d’attention, de vision et d’investissement. Le choix est simple : soit nous continuons à regarder cette localité sombrer dans l’eau et l’oubli, soit nous en faisons un laboratoire d’adaptation, une vitrine d’intelligence face au climat.
Et si, au lieu de subir l’eau, nous en faisions un projet ? La « Venise congolaise » ne doit pas rester une formule ironique. Elle pourrait devenir un horizon.
Juslie Lebongui