
L’Université d’Abomey-Calavi a été le théâtre d’un événement marquant ce vendredi 4 avril 2025: la soutenance de thèse de doctorat de Yèyinou A. Raïssa ZOUMENOU. Son travail, centré sur la formation professionnelle des femmes incarcérées dans les établissements pénitentiaires du Sud-Bénin, aborde avec rigueur une problématique sociale cruciale. Intitulée « Formation professionnelle des femmes détenues dans les établissements pénitentiaires au Sud-Bénin : état des lieux et perspectives d’amélioration », la recherche nous parle des obstacles liés à la réinsertion des femmes en détention et d’une esquisse des solutions concrètes.
S’appuyant sur une méthodologie mixte mêlant enquêtes de terrain et analyses qualitatives, l’impétrante a mené son étude dans plusieurs prisons du Sud du Bénin. Lors de sa présentation, elle a rappelé que la prison ne devrait pas se résumer à une peine de privation de liberté, mais devenir un espace de réhabilitation. Elle a souligné l’importance de la formation professionnelle comme levier de prévention de la récidive et d’insertion sociale post-carcérale.
Devant un public attentif rassemblé dans la salle de conférence Michel BOKO de l’École Doctorale Pluridisciplinaire – Espace Culture et Développement de l’UAC, Mme ZOUMENOU a insisté sur la valeur sociale des femmes, particulièrement dans leur rôle éducatif et de transmission des valeurs. Elle appelle à un accompagnement renforcé des détenues, afin que leur période d’incarcération soit mise à profit pour un développement personnel et professionnel significatif.
Son étude révèle des réalités préoccupantes : conditions de détention précaires, isolement dans des quartiers exigus, accès restreint à la formation, encadrement insuffisant, manque de matériel adapté. Elle dénonce également l’absence d’éducation juridique, qui conduit nombre de femmes en prison sans réelle compréhension des lois. En réponse, elle propose des actions de sensibilisation et d’éducation pour prévenir ces situations.

Selon le journal béninois Le grand mono, au-delà du diagnostic, Yèyinou ZOUMENOU avance des recommandations claires notamment étendre les dispositifs de formation aux prisons du Centre et du Nord du Bénin, élaborer un plan d’action structuré pour encadrer les formations en milieu carcéral, et assurer un accompagnement post-libération efficace. Son objectif : transformer les établissements pénitentiaires en lieux de reconstruction humaine et professionnelle.
« Cette soutenance n’est pas une fin, mais un point de départ pour des recherches futures. Nous envisageons de transformer les perspectives identifiées en un véritable plan d’action à mettre en œuvre dans les prisons. L’idée est d’utiliser le temps de détention pour responsabiliser les femmes et les préparer à assumer pleinement leur rôle social, notamment en matière d’éducation de la jeunesse et de transmission des valeurs », a-t-elle affirmé avec conviction.
Le jury, composé de figures académiques telles que le Professeur Cyriaque AHODEKON (président), le Professeur Patrick HOUESSOU (directeur de thèse), ainsi que les Maîtres de Conférences Florentine HOUEDENOU, Ibn Habib BAWA (Togo) et Idrissa TRAORÉ (Mali), a salué la pertinence de son travail. Verdict : Mention Très Honorable, accompagnée d’éloges pour la qualité des analyses et la richesse des propositions.
Juslie Lebongui