
Chevron se retire progressivement des blocs 14 et 14T au large de l’Angola, après plus de trente ans d’exploitation. Ces deux blocs offshore, dont la production est en déclin constant, produisent actuellement environ 56 000 barils par jour pour le bloc 14. Une prolongation de la licence jusqu’en 2038 est en cours auprès de l’autorité de régulation angolaise (ANPG). Ce retrait ne marque pas pour autant la fin de la présence de la major américaine dans le pays, où elle est active depuis 1954. Chevron conserve d’autres actifs, comme les blocs 49 et 50 acquis récemment, le bloc 0, ainsi qu’une participation dans l’usine Angola LNG.
Pour vendre rapidement ses parts dans les blocs 14 (31 %) et 14T (15,5 %), Chevron a mandaté la banque d’affaires ScotiaBank. Celle-ci est dirigée par Moncef Attia, expert en cessions pétrolières en Afrique. Il a notamment géré la vente des actifs de Perenco au Gabon, de Delonex au Tchad et plus récemment ceux de Chevron au Congo. Les blocs angolais en vente sont proches de ces derniers, et le bloc 14T est situé dans une zone transfrontalière entre l’Angola et le Congo, ce qui renforce l’intérêt stratégique de l’opération.
Trident Energy, dirigée par Jean-Michel Jacoulot, ex-directeur général de Perenco, fait partie des candidats potentiels pour la reprise des blocs. Le bloc 14 contient encore environ 114 millions de barils de réserves, et des découvertes plus anciennes dans les zones de Negage et de Lucapa pourraient porter le potentiel total à 770 millions de barils. D’autres entreprises comme Perenco ou Maurel & Prom, spécialisées dans l’exploitation de gisements matures, pourraient également se positionner.

Chevron n’est pas seule à vouloir quitter l’offshore angolais. Azule Energy (coentreprise entre ENI et BP) envisage aussi de céder sa participation de 20 % dans le bloc 14. Une société récemment fondée, Artemis Energy, dirigée par l’Israélien Gilad Myerson, s’est déjà manifestée. Ce dernier, via sa société Ithaca Energy, a récemment racheté la majorité des actifs offshore d’ENI en mer du Nord. Un rapprochement entre Ithaca et Artemis est attendu d’ici fin juin.
Le bassin du Congo attire de moins en moins les majors, qui privilégient d’autres zones plus rentables. Les grandes compagnies pétrolières se tournent vers l’offshore ultra-profond ou d’autres bassins comme Kwanza ou Namibe. Le gouvernement angolais souhaite désormais attirer des entreprises de taille intermédiaire pour maintenir un certain niveau de production. Ainsi, TotalEnergies et Inpex ont déjà cédé leurs parts du bloc 14 à la junior Somoil (devenue Etu Energias), qui envisage à son tour une revente, y compris des parts rachetées à Galp en 2023.
Rustine De Gloire