
Les ministres des Finances et de l’Économie de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) se retrouveront à Paris ce 17 avril, pour une réunion de haut niveau convoquée par la France. Objectif : passer en revue la stabilité économique de la sous-région et explorer des pistes de financement durable.
À l’initiative du ministre français de l’Économie, Éric Lombard, et de son homologue équato-guinéen Ivan Bacale Ebe Molina, les ministres de la Cemac feront le déplacement à Bercy pour une nouvelle rencontre stratégique. Autour de la table, seront également présents Baltasar Engonga Edjo’o, président de la Commission de la Cemac, et Yvon Sana Bangui, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), accompagnés de plusieurs bailleurs de fonds internationaux.
Ce rendez-vous s’inscrit dans la continuité du dialogue entamé en avril 2023, lui aussi organisé à Paris. Il s’agissait alors d’évaluer les effets persistants de la pandémie de Covid-19 et la répartition des droits de tirage spéciaux du FMI. Cette fois-ci, l’agenda sera dominé par les défis actuels : chocs exogènes (comme les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis), endettement croissant et fragilité des économies de la zone.
Héritage de Yaoundé
La réunion fait suite au sommet extraordinaire tenu à Yaoundé en décembre dernier, sous l’égide du président camerounais Paul Biya, où l’alerte avait été donnée sur l’aggravation de l’endettement dans certains États membres, notamment le Congo et le Gabon.
Le retour des fonds extractifs en toile de fond

Officiellement, le dossier n’est pas inscrit à l’ordre du jour, mais il pourrait bien s’inviter dans les échanges : le rapatriement des fonds de réhabilitation des industries extractives. Un sujet hautement sensible, relancé par un projet de loi américain – le “Cemac Act” – déposé le 25 mars par le républicain William P. Huizenga. Ce texte vise à suspendre tout soutien des États-Unis au FMI envers les pays de la Cemac tant qu’un compromis n’est pas trouvé sur les réserves de change.
En toile de fond, d’intenses négociations entre les opérateurs extractifs, en grande partie américains, et la BEAC, autour des modalités de rapatriement de ces fonds. Ces pourparlers achoppent notamment sur la question de l’immunité juridique de la BEAC, la gestion des comptes de réhabilitation et la mise en œuvre de clauses contractuelles complexes.
Le gouverneur Yvon Sana Bangui a fixé un ultimatum : un accord d’ici le 30 avril, faute de quoi des sanctions tomberont. Le camp des industries est défendu par l’avocat londonien Steven Galbraith, tandis que Guevera Yao, directeur Afrique à la Chambre de commerce américaine, mène les tractations.
Le FMI, dans la ligne de mire américaine
Pour les États-Unis, la cible n’est pas tant la Cemac que le FMI, accusé d’avoir “trompé les États membres” en poussant à un rapatriement jugé précipité des fonds. Ce sujet brûlant pourrait s’inviter aux réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, prévues du 25 au 27 avril.
Rustine De Gloire