
C’est dans l’objectif de ramener le plus tôt possible de l’ordre constitutionnel dans le pays que le chef de la junte gabonaise, le général Brice Clotaire Oligui Nguema et son équipe pensent organiser l’élection présidentielle au mois d’Avril 2025 au lieu du mois d’Août. Les conseillers du président de la République planchent actuellement sur le resserrement du calendrier afin d’y parvenir en tout cas, avant la fin de l’année 2024 ou au début de l’année prochaine (AI du 26/07/24).
Cette idée est encore loin de se conrétiser. Puisque la nouvelle Constitution, en cours d’écriture, doit être adoptée par référendum entre novembre et décembre de cette année. Une telle perspective impliquerait d’une part l’accélération du processus de révision du code électoral, déjà engagée depuis juin et d’autre part celle des listes électorales.
Brice Clotaire Oligui Nguema, qui ne cache point son désir
d’être candidat au scrutin, augmente des chances de son côté. Cette sortie accélérée de la transition permettrait ainsi la réintégration rapide du pays dans l’Union africaine, et faciliterait les discussions avec les bailleurs internationaux, comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Mais ce resserrement du calendrier n’est pas non plus dénué de calculs politiques. Onze mois après le coup d’État, l’opposition peine à se structurer. L’ancien premier ministre d’Ali Bongo, Alain Claude Bilie By Nze, s’est aventuré à critiquer ouvertement le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Discrètement soutenu par une partie de la famille Bongo, dont Omar-Denis Junior Bongo et son aînée Pascaline Bongo – ce que toutefois il dément –, il a été l’auteur d’un texte de trente pages fustigeant le “dialogue national inclusif”, organisé en avril dernier par la junte.
A cela s’ajoute un autre opposant, Jean-Valentin Leyama, secrétaire exécutif du parti Réagir. Il s’en est lui aussi pris au début du mois de juillet à la décision du CTRI de faire contrôler l’organisation des futures élections par le ministère de l’intérieur. Albert Ondo Ossa, candidat unique de la plateforme Alternance 2023 à la dernière présidentielle, annulée par le putsch du 30 août 2023, se fait plus discret.
De nombreux opposants se rallient au pouvoir. La plupart des figures de l’opposition des dernières années du pouvoir d’Ali Bongo sont elles-mêmes impliquées dans la transition. Le premier ministre, Raymond Ndong Sima, le vice-premier ministre, Alexandre Barro Chambrier, ou encore la présidente du Sénat, Paulette Missambo, ne sont quant à eux pas autorisés à se présenter au prochain scrutin présidentiel par la charte du transition. Pour le Parti démocratique gabonais, qui évolue sous l’intérim de Luc Oyoubi en attendant son congrès extraordinaire, sans cesse repoussé, il s’est rangé derrière Brice Clotaire Oligui Nguema. Un positionnement symbolisé par l’exclusion, en mars, d’Ali Bongo et de sa mère, Patience Dabany.
D’après le calendrier établi par la junte, la nouvelle constitution devrait terminer au mois d’août par le Comité constitutionnel national, piloté par Murielle Minkoué Mintsa, la ministre des relations avec le Parlement. La nouvelle loi fondamentale prévoit un régime présidentiel, avec des pouvoirs renforcés pour le président, qui deviendra la seule tête de l’exécutif, mais aussi pour le Parlement. Ce dernier aurait le pouvoir de destituer le chef de l’État s’il devenait anticonstitutionnel ou nuisait les intérêts du pays ou encore son bon fonctionnement.
Juslie Lebongui