Gabon : Oligui Nguema en quête d’une victoire écrasante

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Brice Clotaire Oligui Nguema, chef de la transition gabonaise, prépare activement l’élection présidentielle du 12 avril avec un objectif clair : remporter une victoire écrasante dès le premier tour. Pour y parvenir, il s’appuie sur un réseau d’alliés stratégiques, dont Hermann Immongault, ministre de l’Intérieur et président de la Commission nationale d’organisation des élections, ainsi que son cousin Dieudonné Aba’a Owono, président de la Cour constitutionnelle. Cette configuration lui permet de maîtriser le processus électoral tout en marginalisant l’opposition, qui a vu quinze candidatures sur vingt-trois recalées. Parmi les prétendants restants, seuls quelques outsiders, aux profils variés, ont pu se frayer un chemin dans la compétition.

Dans la continuité de sa politique de “restauration des institutions”, Oligui Nguema ressuscite des méthodes éprouvées sous Omar Bongo, fondées sur un équilibre ethnique et l’appui de familles influentes en région. Il remet au centre du jeu le Parti démocratique gabonais (PDG), longtemps dominant mais fragilisé après la chute d’Ali Bongo. Ce parti, qui vient de célébrer son 57e anniversaire le 12 mars, retrouve sa place dans l’appareil d’État, mobilisant ses militants pour soutenir la campagne du président de la transition. Depuis son congrès extraordinaire du 30 janvier, le PDG est dirigé par Blaise Louembé, un choix directement validé par Oligui lui-même.

Conscient des défis politiques, Oligui Nguema ne mise pas uniquement sur le PDG et soutient en parallèle la création du Rassemblement des bâtisseurs (RDB). Celui-ci est une plateforme transpartisane destinée à élargir son soutien. A en croire Africa Intelligence du 24/03/25, derrière cette structure, Jean-Pierre Oyiba, ancien ministre et éphémère directeur de cabinet d’Ali Bongo en 2009, joue un rôle central. Originaire du Haut-Ogooué, fief historique du pouvoir bongoïste, Oyiba est chargé de neutraliser les factions pro-Bongo encore influentes, notamment autour d’Ali Akbar Onanga Y’Obegue. Louembé, quant à lui, verrouille l’Ogooué-Lolo, en assurant un soutien massif au président sortant.

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En structurant son assise régionale, Oligui Nguema cherche à reconstituer l’alliance stratégique entre les Tékés et les Nzébis, qui avait fait la force d’Omar Bongo. L’élimination de candidats issus de ces communautés, comme le journaliste Michel Ongoundou Loundah ou le syndicaliste Jean-Rémy Yama, illustre cette volonté de contrôle. Par ailleurs, les populations de la Ngounié et de la Nyanga, dans le Sud-Ouest, sont encadrées par des figures politiques locales ralliées au régime, telles qu’Yves Fernand Manfoumbi et Angélique Ngoma, hauts cadres du PDG.

Toutefois, cette stratégie basée sur des équilibres politico-ethniques est mise à l’épreuve par les attentes de la communauté fang, notamment celle du Woleu-Ntem, dont est originaire la famille paternelle d’Oligui. Une faction influente, regroupée sous la bannière de “La Pensée patriotique”, agit pour mobiliser cet électorat en faveur du président de la transition. Cette dynamique vise à contrer Alain-Claude Bilie-By-Nze, un Fang de Makokou qui bénéficie d’un soutien discret de la famille Bongo. Contrairement à Oligui, Bilie-By-Nze tente de mener une campagne détachée des considérations ethniques, dans la lignée d’Ali Bongo.

Un soutien inattendu est venu renforcer cette recomposition politique : celui du président équato-guinéen Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Lors d’un événement officiel le 22 février, ce dernier a publiquement encouragé les électeurs gabonais à voter pour Oligui. Ce geste symbolique s’inscrit dans une vieille ambition des élites fang de voir l’un des leurs revenir à la tête du pays, plus d’un demi-siècle après Léon Mba. Cet appui pourrait avoir un impact sur la dynamique électorale, alors que le scrutin approche et que chaque camp affine ses stratégies pour l’emporter.

Juslie Lebongui

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