
L’opérateur emblématique marocain, Abdeslam Ahizoune à la tête de Maroc Telecom depuis vingt-sept ans vient de perdre son fauteuil de longue date. Il a été remplacé par l’ancien ministre des finances Mohamed Benchaâboun. Une nouvelle page va s’ouvrir pour l’entreprise de telecom sans celui qui l’a façonnée. Voici quelques raisons qui ont conduit à son éviction.

Maroc Telecom ancienne entreprise publique est devenu un géant africain grâce aux efforts fournis par Abdeslam Ahizoune, celui qu’on appelera désormais ancien patron de Maroc Telecom. Durant vingt-sept ans, il a su façonner le secteur des télécoms par son savoir-faire et une volonté de bouleverser positivement les choses qui ont perdu peu à peu leur vigueur au fil du temps. « Nous avons été pris de court. Personne ne s’attendait à son départ de cette façon» déclare un responsable de Maroc Telecom. « Tout le monde croyait Abdeslam Ahizoune indéboulonnable, mais il faut bien partir à un moment» a fait savoir un haut commis de l’État proche du dossier.
Selon Jeune Afrique « Ahizoune s’est reposé sur ses lauriers». Il a cautionné du retard dans le domaine technologique. Après avoir fait de Maroc Telecom un fleuron dans le royaume et sur le reste du continent, Abdeslam Ahizoune s’est reposé sur ses lauriers. Au lieu d’investir dans les technologies, un point stratégique pour le pays. Hélas, il a transformé l’entreprise en poule aux œufs d’or.

Privatisée en 2001, Maroc Telecom est détenue à 53% par l’émirat Etisalat et est présente dans onze pays du continent. En 2014, elle avait atteint un chiffre d’affaires de 36,7 milliards de dirhams (3,5 milliards d’euros) soit un résultat net de 6,1 milliards (586 millions d’euros). Des chiffres selon lesquels l’entreprise dépassait largement les objectifs opérationnels et financiers. Le groupe va annoncer par la suite, leur volonté de garder le rythme « ambitieux des programmes d’investissements, orientés vers le développement du très haut débit fixe et mobile et des infrastructures nécessaires aux nouvelles générations technologiques» avait notifié une de leur communication.
Une autre raison du remplacement de Ahizoune ce sont les litiges et amendes. Le litige avec l’opérateur royal wana (Inwi) dans le cadre d’une plainte pour pratiques anticoncurrentielles a occasionné une perte énorme dans la caisse de Maroc Telecom à hauteur de 6,4 milliards de dirhams (615 millions d’euros). Une lourde somme qui s’ajoutera aux autres sanctions infligées par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications( ANRT). A en croire la même source, une amende colossale s’élevait à 3,3 milliards de dirhams en 2020 et l’autre 2, 45 milliards.
Abdeslam Ahizoune n’a pas pu rectifier à temps selon une certaine source, les reproches que la cour des comptes et le régulateur lui auront faites. Il s’est agit pour l’opérateur historique de cumuler des comportements ayant empêché par exemple « l’accès des concurrents au dégroupage et au marché du fixe» indique la source.
Après le départ inattendu de Abdeslam Ahizoune, c’est maintenant au nouveau patron de Maroc Telecom, Mohamed Benchaâboun d’apaiser les tensions laissées par son prédécesseur dans le secteur. Il aura aussi pour mission de dynamiser le reste du travail dans ce groupe auquel l’État marocain détient 22% de parts.
Juslie Lebongui