
Conflits à répétition, soutien en berne, joueurs excédés… le président de la Fédération camerounaise de football, Samuel Eto’o, voit son étoile pâlir, même au sommet de l’État.
Samuel Eto’o, légende du ballon rond, président emblématique de la Fecafoot depuis 2022, se retrouve aujourd’hui en plein naufrage politique et sportif. Pris dans une tempête où se mêlent tensions institutionnelles, colère des joueurs et désaveux venus d’en haut, le quadruple Ballon d’Or africain semble plus isolé que jamais.
Eto’o contre tous
Tout commence par une guerre ouverte avec le sélectionneur belge Marc Brys, soutenu par le ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi. Leur bras de fer devient rapidement un feuilleton national, embarrassant jusqu’au palais présidentiel. En février dernier, le chef de l’État Paul Biya lui-même a lancé un appel au calme, exhortant la Fecafoot et le ministère à enterrer la hache de guerre.
Mais Eto’o, fidèle à son tempérament de guerrier, persiste et signe. Sauf que cette fois-ci, même ses alliés d’hier se détournent de lui. L’influent secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, ancien soutien de poids, est désormais du côté de Marc Brys. Il a même franchi un cap symbolique et stratégique : retirer à la Fecafoot la gestion financière des sélections nationales, désormais confiée au ministère des Sports. Un coup dur.

Son proche, Philippe Mbarga Mboa, conseiller à la présidence, ne cache plus non plus sa défiance à l’égard du patron du foot camerounais. Reste encore Oswald Baboké, directeur adjoint du cabinet civil de la présidence et proche de Chantal Biya, qui continue de lui témoigner une certaine loyauté. Mais la première dame, elle, reste muette sur la question.
Les joueurs entrent en jeu
Le 24 mars, nouveau rebondissement. Depuis le Stade omnisports de Yaoundé, à la veille du match crucial contre la Libye pour les qualifications au Mondial 2026, le capitaine Vincent Aboubakar, entouré de toute l’équipe, lit un communiqué choc face à la presse. Les Lions indomptables dénoncent l’ambiance délétère au sommet de la Fecafoot et réclament le retour sur le banc de Joachim Mununga, l’adjoint de Brys écarté sans ménagement par Eto’o.
Ce coup d’éclat des joueurs fait mouche : la présidence salue discrètement leur prise de parole et semble conforter un peu plus la marginalisation de Samuel Eto’o.
Rustine De Gloire