
Face aux défis du changement climatique, le crédit carbone s’impose comme un mécanisme innovant et stratégique. En Afrique, et particulièrement en Afrique centrale, ce système offre des opportunités économiques et écologiques. Il contribue à la lutte contre le réchauffement climatique. Cependant, comment fonctionne-t-il, et quels en sont les bénéfices pour le continent ? A travers ce dossier de la rédaction, nous vous emmenons à la découverte du mécanisme de crédit carbone
Qu’est-ce que le crédit carbone ?
Le crédit carbone est un outil économique conçu pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Il fonctionne sur un principe simple : une entreprise ou un pays qui émet du CO2 peut acheter des “crédits carbone” à d’autres entités qui, elles, réduisent ou capturent ces émissions. Chaque crédit correspond à une tonne de CO2 évitée ou absorbée.
Ce mécanisme a été mis en place à l’échelle internationale dans le cadre du protocole de Kyoto (1997) et renforcé par l’Accord de Paris (2015). Il vise à encourager les pratiques durables tout en créant un marché pour la réduction des émissions.
Le crédit carbone en Afrique centrale : un potentiel sous-exploité
L’Afrique centrale, riche en forêts tropicales, joue un rôle capital dans l’absorption du CO2 mondial. Des pays comme la République du Congo, le Gabon et la RDC possèdent d’immenses réserves forestières qui agissent comme des “puits de carbone“. Ces forêts permettent d’absorber une grande partie des émissions mondiales. Cela donne à la région un avantage si particulier sur le marché du crédit carbone.
Le développement de ce secteur reste limité par plusieurs obstacles : le manque de structuration du marché, la complexité des mécanismes de certification, et la faible implication des acteurs locaux. Des initiatives commencent toutefois à voir le jour, avec des programmes de reboisement, des projets de conservation et des solutions technologiques innovantes pour mesurer et certifier les réductions d’émissions.
Les avantages du crédit carbone pour l’Afrique
L’adoption du crédit carbone peut apporter plusieurs bénéfices aux pays africains :
. des financements pour la conservation des forêts : en vendant des crédits carbone, les pays forestiers peuvent générer des revenus pour financer la préservation de leurs écosystèmes.

. un levier économique : ce marché peut devenir une source de devises étrangères et créer de l’emploi dans les secteurs de l’environnement et des énergies renouvelables.
. un engagement environnemental renforcé : en valorisant leurs efforts de réduction d’émissions, les pays africains peuvent améliorer leur image sur la scène internationale et attirer des investisseurs.
Comment les citoyens peuvent-ils bénéficier du crédit carbone ?
Ce marché demeure encore lointain pour le citoyen lambda. Par contre, il existe plusieurs façons d’y participer. Il faut par exemple, soutenir des initiatives locales en participant à des projets de reboisement ou d’agroforesterie_ Adopter des pratiques durables : l’utilisation de sources d’énergie propre, la réduction de la déforestation et le recyclage peuvent contribuer à la création de crédits carbone_ Encourager les décideurs à investir dans ce secteur : la pression citoyenne peut pousser les gouvernements à mieux structurer le marché et à s’assurer que les populations locales en tirent profit.
Un avenir prometteur pour l’Afrique
L’Afrique, avec ses ressources naturelles abondantes, a un rôle essentiel à jouer dans la transition écologique mondiale. Le crédit carbone représente une opportunité majeure pour les pays du continent de monétiser leurs efforts environnementaux tout en participant à la lutte contre le changement climatique. Toutefois, pour que ce système bénéficie pleinement aux populations locales, il est crucial de le structurer de manière transparente et inclusive.
Quelques exemples concrets de mécanismes de crédit carbone en République du Congo
. Projet BaCaSi de TotalEnergies : lancé en mars 2021, ce projet prévoit la plantation de 40 000 hectares d’acacias au Congo, avec l’objectif de séquestrer 500 000 tonnes de CO₂ par an.
. Programme REDD+ dans les régions de la Sangha et de la Likouala : depuis 2021, le Congo a mis en place un programme REDD+ visant à réduire la déforestation et à stocker du carbone dans ces deux régions jusqu’en 2024. Cependant, des défis subsistent, notamment la délivrance de permis miniers dans ces zones, ce qui pourrait compromettre les objectifs du programme.
. Initiatives de la Société Nationale des Pétroles du Congo (SNPC) : la SNPC a annoncé des avancées dans la mise en place du marché des crédits carbone, incluant la gestion de puits de carbone et le développement de projets carbone tels que “Eco Zamba”.
Toutes ces initiatives susmentionnées illustrent les efforts du Congo-Brazzaville pour intégrer le mécanisme de crédit carbone dans sa stratégie de développement durable, tout en mettant en lumière les défis à relever pour assurer leur succès.
Juslie Lebongui