Ouganda : Museveni fragilisé par la crise des réfugiés après le désengagement des bailleurs

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L’Ouganda, longtemps salué pour sa politique d’accueil des réfugiés, fait aujourd’hui face à une crise humanitaire grandissante. La réduction massive de l’aide internationale compromet la prise en charge des 1,8 million de réfugiés installés sur son sol, menaçant la stabilité sociale et politique du pays à l’approche de la présidentielle de janvier 2026.

Depuis début juillet, les coupes dans les budgets humanitaires affectent sévèrement les treize camps implantés dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays, des zones électoralement stratégiques pour le président Yoweri Museveni. Le Programme alimentaire mondial (PAM), principal pourvoyeur d’aide, ne couvre désormais plus que 662 000 réfugiés, faute de financements suffisants. Résultat : les rations ont été réduites, et l’Ouganda a cessé de percevoir environ 10 millions de dollars par mois pour l’aide alimentaire et les transferts monétaires.

Les soutiens traditionnels se retirent : la Suède prévoit d’interrompre toute aide directe aux réfugiés dès 2026, après une baisse de moitié cette année. La décision fait suite à la suppression brutale de l’agence américaine USAid par l’administration Trump, qui avait injecté 83 millions de dollars en 2024. Le Royaume-Uni, le Canada, les Pays-Bas et l’Union européenne ont également réduit leurs contributions.

À ce jour,  » le plan de réponse ougandais pour les réfugiés (UCRRP) n’a reçu que 46 % des 858 millions de dollars espérés pour 2024 » nous apprend Africa Intelligence. Les démarches du ministre des Réfugiés, Hilary Onek, pour combler ce déficit sont restées vaines. Et le pays s’attend à accueillir 80 000 déplacés supplémentaires en septembre, principalement venus de RDC, du Soudan et du Soudan du Sud.

Pris dans l’étau budgétaire, le gouvernement hésite sur la stratégie à adopter : fermer ses frontières, au risque de renier son rôle de leader régional en matière d’accueil, ou déléguer la gestion des réfugiés à des autorités locales déjà sous-dotées.

Selon Africa Intelligence, cette crise pourrait aussi avoir un coût politique. L’installation des camps dans les bastions du pouvoir avait permis d’y canaliser des financements, favorisant le développement d’infrastructures et la création de nouvelles circonscriptions électorales. Une dynamique qui pourrait s’inverser si les ressources venaient à s’assécher. D’autant que des scandales de corruption ont déjà terni la gestion de l’aide : en 2018, une enquête internationale avait révélé une surestimation de quelque 300 000 réfugiés dans les statistiques officielles.

Alors que l’hostilité envers les bailleurs occidentaux pousse Kampala à se tourner vers de nouveaux partenaires, Museveni se retrouve en difficulté, contraint de gérer une crise humanitaire majeure aux conséquences politiques potentiellement explosives.

Rustine De Gloire

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