Quinzaine du Gouvernement : le retour d’une voix officielle sur l’actualité nationale

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Après une interruption de trois mois, la Quinzaine du Gouvernement a repris ce 14 avril à Brazzaville. Thierry Lézin Moungalla, porte-parole du gouvernement, a renoué avec cet exercice de communication directe entre l’Exécutif et l’opinion publique. En l’absence du propos liminaire habituel, et encore visiblement marqué par une épreuve personnelle, le ministre s’est prêté au jeu des questions-réponses avec la presse, abordant une variété de sujets sensibles qui ont récemment agité la sphère publique.

Parmi les faits ayant dominé cette édition, figurent l’expulsion de Kemi Seba, les relations entre le Congo et la France, les discussions autour du dossier de la société E2C, l’insalubrité croissante dans les grandes villes, le retard du chantier du barrage de Sounda, la candidature congolaise à la tête de l’Unesco, ou encore la gestion des polémiques judiciaires.

Concernant l’affaire Kemi Seba, Thierry Moungalla a justifié l’interdiction de sa conférence de presse à Brazzaville, suivie de son expulsion. Présenté comme un « provocateur professionnel », le militant panafricaniste béninois, déchu de sa nationalité française en 2024 pour avoir brûlé son passeport français lors d’une conférence de presse dans la banlieue française, aurait été invité par un homme public congolais. Le gouvernement a estimé que son discours sur le franc CFA risquait de perturber la stabilité nationale. Pour Moungalla, critiquer une monnaie nationale constitue un délit car elle représente un pilier de l’ordre économique et financier du pays.

Né sous le nom de Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kemi Seba est connu pour sa ferme opposition au franc CFA. Ce n’est pas la première fois qu’il est expulsé d’un pays africain en raison de ses prises de position. Il a déjà été expulsé de la Côte d’Ivoire, de la Guinée et du Sénégal.

Sur le front intérieur, le porte-parole a évoqué le retard du projet du barrage hydroélectrique de Sounda, prévu initialement pour début 2025. Il attribue ce report aux imprévus et aux aléas techniques, soulignant que « la science gouvernementale n’est pas une science exacte ». Il a néanmoins exprimé l’espoir d’un démarrage imminent.

Autre dossier épineux : la réforme de la société E2C, qui suscite de nombreuses tensions entre le gouvernement, les agents concernés et l’opinion. Le ministre annonce la mise en place d’une commission technique de 45 membres chargée de recueillir les propositions des parties impliquées, avant la formulation des conclusions finales. Pour lui, si une réforme soulève autant de réactions, c’est qu’il y a manifestement un problème de compréhension à plusieurs niveaux.

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Interpellé sur l’insalubrité croissante à Brazzaville et à Pointe-Noire, Moungalla reconnaît l’ampleur du phénomène. Il salue néanmoins la création récente d’un ministère de l’assainissement et annonce des discussions en cours avec une nouvelle entreprise pour remplacer Averda, l’opérateur sortant. Il explique que l’urbanisation rapide et désorganisée complique la gestion des déchets dans les centres urbains.

À propos de l’interruption prolongée de la Quinzaine du Gouvernement pendant son absence, le ministre a indiqué qu’un échange avec le chef du gouvernement est prévu afin de garantir la continuité de cet espace de dialogue institutionnel, même en cas d’indisponibilité de son principal animateur. Il suggère d’ailleurs que des ministres compétents soient présents pour fournir des réponses plus spécifiques à certaines questions.

Sur le plan diplomatique, l’affaire judiciaire impliquant Audrey Lelo, emprisonné depuis un an à Pointe-Noire dans un contexte familial, a été brièvement abordée. Le ministre rappelle que le gouvernement n’a pas à commenter les décisions du pouvoir judiciaire.

Concernant les relations du Congo avec la France, le ministre rassure que les relations avec la France restent solides. Il précise même qu’une visite d’État du président Denis Sassou N’Guesso en France est en préparation. Toutefois, il n’a pas manqué de dénoncer les actions d’un juge français qu’il qualifie d’« extrémiste de gauche », accusé d’avoir tenté de s’en prendre à l’épouse du président congolais en émettant un mandat d’amener en dehors du cadre prévu par les accords bilatéraux. Moungalla y voit une instrumentalisation idéologique de la justice à des fins politiques, contre laquelle le Congo ne compte pas céder.

Le ministre a par ailleurs exprimé tout son soutien à la candidature de Firmin Edouard Matoko pour succéder à Audrey Azoulay à la direction générale de l’Unesco. Il loue l’expérience et la légitimité d’un homme qu’il décrit comme un « pur produit » de cette organisation, à même de relever les défis d’une telle responsabilité.

Avec cette reprise de la Quinzaine du Gouvernement, l’Exécutif congolais cherche visiblement à réaffirmer sa lecture des événements, à l’heure où la circulation de l’infox et des fake news trouble souvent la perception de l’opinion.

Juslie Lebongui

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