
Alors que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’apprête à célébrer son cinquantième anniversaire, l’organisation traverse l’une des crises les plus profondes de son histoire. Le 22 avril, les ministres des Affaires étrangères des pays membres se réuniront à Accra pour lancer officiellement les festivités. Mais les célébrations seront éclipsées par des sujets bien plus épineux, notamment le départ de trois pays membres et la délicate question de la succession à la tête de l’institution.
Créée le 28 mai 1975, la Cedeao devait marquer ce cap historique par un sommet de grande ampleur prévu à Lomé, au dernier trimestre 2025. Pourtant, le projet divise : plusieurs chefs d’État plaident pour des commémorations plus discrètes, craignant une réception mitigée par leurs opinions publiques, dans un contexte où la légitimité de l’organisation est vivement contestée.
L’héritage en débat, l’unité en péril
L’un des points cruciaux abordés à Accra concernera le départ officiel du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Ces trois pays, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), ont acté leur retrait en janvier 2025. Ce désengagement fragilise considérablement la Cedeao, incapable jusqu’ici de rétablir un équilibre de forces dans la sous-région.

” Les ministres devront se pencher sur les conséquences concrètes de ce départ, notamment le sort du patrimoine immobilier de la Cedeao dans ces pays, en particulier à Ouagadougou” , nous rapportent des sources proches. Les propositions retenues lors de la réunion seront ensuite soumises aux chefs d’État lors du sommet prévu en juillet.
Une présidence sans prétendant
En toile de fond, la question de la future présidence de la Cedeao suscite également des inquiétudes. Le Nigérian Bola Ahmed Tinubu, en poste depuis plus de deux ans, pourrait quitter ses fonctions cet été. En théorie, un président francophone devrait lui succéder. Mais jusqu’à présent, aucun ne s’est montré volontaire, tant la fonction semble aujourd’hui peu attrayante.
Certains dirigeants soutiennent cependant la candidature du nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye. A en croire l’AI du 14/04/25, s’il avait refusé le poste en 2024, il pourrait être sollicité à nouveau, même si ses proches l’encouragent à décliner cette offre à haut risque.
Juslie Lebongui