Cedeao : Julius Maada Bio rafle la présidence au nez et à la barbe du camp francophone

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Alors que tout semblait acquis pour Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, qui s’était envolé pour Abuja avec la quasi-certitude de prendre les rênes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), c’est finalement son homologue sierra-léonais, Julius Maada Bio, qui a été désigné à la tête de l’organisation le 22 juin, à l’issue d’un sommet tendu à huis clos. Ce revirement de dernière minute a suscité la frustration du camp francophone.

Selon des sources proches des discussions, Julius Maada Bio a habilement manœuvré en coulisses, obtenant dès la veille le soutien décisif du président nigérian Bola Ahmed Tinubu. Ce dernier, président sortant de la Cedeao et figure centrale du sommet, aurait joué un rôle majeur dans le ralliement des pays anglophones à la candidature de Bio, reléguant Diomaye Faye au second plan malgré le soutien dont il bénéficiait.

La faible mobilisation des chefs d’État francophones à Abuja a également pesé dans la balance. Seuls Diomaye Faye et Patrice Talon du Bénin étaient présents. L’absence des présidents ivoirien et togolais a été interprétée comme un désintérêt, affaiblissant ainsi le poids du bloc francophone.

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Pour convaincre, Julius Maada Bio a mis en avant le fait qu’il arrivait en fin de mandat, ce qui ferait de lui un choix temporaire, tandis que le jeune président sénégalais pourrait attendre son tour lors de la prochaine alternance. Toutefois, son élection fait grincer des dents : son image reste ternie par des accusations liées à l’opacité des élections de 2023, des sanctions américaines, et sa proximité présumée avec un trafiquant de drogue recherché.

Ce nouvel épisode illustre la marginalisation progressive du bloc francophone au sein de la Cedeao. Après plusieurs présidences anglophones — Ghana, Nigeria, et désormais Sierra Leone — les francophones n’ont plus été représentés depuis Mahamadou Issoufou en 2019. Avec le retrait du Mali, du Burkina Faso, du Niger et la suspension de la Guinée, le camp francophone ne compte plus que quatre membres actifs, contre cinq pour le bloc anglophone, renforçant davantage le déséquilibre régional.

Juslie Lebongui

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