Centrafrique : l’évacuation sanitaire de Touadéra à Bruxelles fait planer l’incertitude à Bangui

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Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a été évacué d’urgence vers la Belgique dans la matinée du 21 juin, à bord d’un jet médicalisé discrètement affrété à Bangui. L’appareil, appartenant au Groupe Forrest International du milliardaire belge George Forrest, a été mobilisé à la hâte par Dimitri Mozer, consul honoraire de Centrafrique en Belgique et proche du chef de l’État. Alerté par une brusque dégradation de l’état de santé du président lors d’une réunion ministérielle, Mozer a supervisé l’évacuation depuis Bangui, accompagné de Tina Touadéra, seconde épouse du président, et de son médecin personnel.

Initialement envisagé, un atterrissage d’urgence à Alger a été écarté au profit d’un transfert direct à l’hôpital Delta de Bruxelles, spécialisé en soins intensifs. Le président Touadéra y est désormais hospitalisé, son état ayant été stabilisé. Il devrait y rester au moins une semaine, le temps de se rétablir. Il a déjà reçu la visite de plusieurs proches collaborateurs, dont Obed Namsio, directeur de cabinet, Freddy Mathurin Mapouka, directeur du protocole, et André Doungoupou, son intendant personnel.

L’absence soudaine du président crée un malaise palpable dans les cercles du pouvoir à Bangui. Dans un climat marqué par la méfiance et les rivalités internes, l’évacuation a ravivé les craintes d’une possible déstabilisation politique ou militaire. Le chef de l’État, qui gouverne avec un cercle très restreint, laisse derrière lui une machine institutionnelle paralysée par l’incertitude. Ses fidèles, notamment le ministre de la Défense Claude Rameaux Bireau, le président de l’Assemblée nationale Mathieu Simplice Sarandji et le Premier ministre Félix Moloua, tentent de gérer la situation en coulisse.

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Un contexte électoral sous tension

Cette hospitalisation survient à quelques mois du premier tour de la présidentielle à laquelle Touadéra est candidat pour un troisième mandat controversé. Malgré un verrouillage accru de l’espace politique et une opposition fragilisée, cette dernière continue de contester la légitimité de sa candidature.

Sur le plan sécuritaire, Touadéra a récemment conclu un accord à N’Djamena avec les groupes rebelles 3R et UPC, dans l’espoir de garantir un climat apaisé lors des élections. Toutefois, la présence résiduelle de groupes armés et le retrait progressif des mercenaires de Wagner, bientôt remplacés par l’Africa Corps soutenu par Moscou, maintiennent une instabilité chronique dans le pays.

Rustine De Gloire

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