
La réunion préparatoire coorganisée par l’Union Africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement(IGAD) a été reprochée à cause de son manque d’équilibre. En témoigne l’absence de la coalition Taqaddum et autres mouvements neutres dans la guerre. En tant que médiatrice dans les conflits des pays membres de l’UA, l’organisation africaine semble avoir du mal à faire avancer le dialogue inter-soudanais.
A la tête du mouvement Taqaddum, Abdallah Hamdok, l’ex-premier ministre soudanais a mené plusieurs démarches afin de plier Mohamed Ibn Chambas. Ces démarches n’ont pas pu produire de résultats escomptés. Le président du High-Level Panel for Sudan au sein de l’UA a limité l’accès à dix représentants de cette coalition civile à la “réunion préparation pour le démarrage du processus de dialogue politique inter-soudanais”. Cette rencontre coorganisée par l’IGAD et l’UA a commencé le 10 juillet au siège de l’UA, à Addis-Abeba et devrait normalement prendre fin ce lundi 15 juillet.
Le groupement d’anciens chefs rebelles appelé coalition des Forces of Freedom and Change-Democratic block (FFC-DB) considéré comme proche du camp de l’armée soudanaise a réussi d’envoyer en Ethiopie 35 de ses représentants et alliés. Ce qui a fait que le faible nombre d’invitations de Taqaddum à la réunion occasionne le boycott.

Dans ce conflit opposant les Rapid Support Forces (RSF) et des Sudanese Armed Forces (SAF), le mouvement de Taqaddum est neutre. Et cette neutralité est souvent interrogée à cause de leur proximité aux RSF de Mohamed Hamdan Dagalo, alias “Hemeti”. Celui-ci est l’un des principaux belligérants de la guerre civile. D’autres mouvements refusent de se ranger derrière les deux camps en conflit. Ils craignent la présence de proches du National Congress Party (NCP) l’ancien parti de l’ex-président Omar el-Béchir, banni après 2019 dont les anciens cadres sont influents dans l’armée.
Le parti Baas, le Sudan Liberation Movement d’Abdulwahid al-Nur (SLM-AW) et le Sudan People’s Liberation Army-North (SPLM-N) d’Abdelaziz al-Hilu ont eux aussi montré leur mécontentement face à la réunion d’Addis-Abeba. Au tant de désistements qui amoindrissent les possibilités de faire avancer le dialogue inter-soudanais dans lequel l’UA tente de reprendre la médiation après l’échec, en 2023 des pourparlers de Djeddah.
Actuellement, il y a des personnalités qui s’affichent ouvertement pro-SAF. A l’instar de Abdelaziz Nour Osher Khalil, le demi-frère du ministre des finances, Gibril Ibrahim, et Mubarak Abdelrahman Ahmed Adam dit ” Lubarak Ardol”, l’ex- directeur de la Sudanese Mineral Resources Co (SMRC). Ces derniers étaient présents à cette rencontre . Quelques membres des comités de résistance et des organisations de défense des femmes qui avaient fait le déplacement ne sont pas parvenus à poser des bases nécessaires pour toutes les parties prenantes à des fins d’un dialogue inclusif.
Une prochaine réunion préparatoire est prévue pour bientôt avant le lancement effectif du dialogue inter-soudanais. Par ailleurs, le grand travail repose sur les épaules de Nureldin Mohamed Hamad Satti, ex-ambassadeur du Soudan aux USA, démissionné suite au putsch militaire d’octobre 2021. Pour le moment, Il vient d’être nommé à Addis-Abeba à la tête d’un comité de pilotage de cinq membres chargé de rééquilibrer la plateforme de l’UA et de l’IGAD.
Juslie Lebongui