Une célébration entre précarité institutionnelle et absence de garanties sociales

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En cette année 2025, alors que la Journée internationale du travail est célébrée sous des thèmes tels que le travail décent, le dialogue social constructif et la justice sociale, les réalités des travailleurs en République du Congo contrastent cruellement avec les idéaux proclamés.

Secteur public : travail sans salaire, dignité bafouée

Dans plusieurs institutions publiques, les travailleurs continuent de faire face à des conditions déplorables : infrastructures vétustes, manque de matériel, surcharge de travail, et surtout, des salaires impayés pendant plusieurs mois. L’État, censé garantir l’exemple en matière de respect des droits du travail, se retrouve parfois lui-même en infraction. Comment parler de travail décent lorsqu’un enseignant, un agent de santé ou un fonctionnaire administratif ou encore un agent municipal peine à subvenir aux besoins de sa famille malgré une présence régulière à son poste? Cette situation alimente quelques fois, un climat de découragement, d’absentéisme et de perte de confiance envers les institutions.

Secteur privé : l’exploitation sous un vernis de productivité

Dans le secteur privé, la situation n’est guère plus reluisante. Les travailleurs y sont souvent soumis à des charges importantes sans contrepartie salariale équitable. Les contrats sont souvent oraux, l’absence de sécurité sociale est la norme, et la précarité devient une fatalité. Le respect du droit du travail reste une exception, non une règle. Nombreux sont les employés qui ne bénéficient ni de couverture maladie, ni de retraite, ni même de congés payés.

Droits des travailleurs en 2025 : discours contre réalité

Alors que les organisations internationales et certains gouvernements africains prônent le travail décent, le dialogue social et la justice dans le monde du travail, ces slogans peinent à se traduire dans les réalités congolaises. Les syndicats manquent souvent de moyens, voire de liberté d’action, pour défendre efficacement les travailleurs. Le dialogue social est encore perçu comme une formalité ou un outil de contrôle, plutôt que comme un mécanisme sincère de résolution de conflits et d’amélioration des conditions.

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Vers quelles solutions ?

Face à ce constat, plusieurs pistes s’imposent :

Renforcement de la gouvernance publique : le paiement régulier des salaires, la réhabilitation des lieux de travail et la valorisation des agents publics doivent redevenir des priorités.

Réformes du droit du travail : rendre obligatoire l’enregistrement des contrats, renforcer les inspections du travail, imposer des sanctions aux entreprises qui ne respectent pas les normes sociales.

Dialogue social authentique : les syndicats doivent être protégés et soutenus pour négocier efficacement, dans un cadre institutionnel respectueux.

Mobilisation citoyenne et médiatique : sensibiliser et documenter les violations pour susciter des réformes concrètes.

A l’exception d’une minorité d’entreprises privées ou institutions publiques qui fournissent d’efforts pour respecter les droits des travailleurs, le constat reste encore morose. Cependant, en 2025, vouloir célébrer le travail doit aller au-delà des slogans. Il s’agit de repenser les politiques publiques et d’exiger des engagements fermes en faveur d’un travail digne, rémunérateur et protecteur pour tous.

Juslie Lebongui

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